L’œuvre de Dieu entre la France et l’U.R.S.S.

Aucune œuvre, si elle est imaginée, voulue, réalisée par l’homme ou la femme, ne peut faire avancer le royaume de Dieu.

Mais il est des œuvres qui manifestement sont préparées d’avance par Dieu. Nous les accomplissons avec les directives et les moyens que Dieu nous donne.

Il en est ainsi de l’œuvre que Dieu a faite entre l’Eglise de Pentecôte en France et l’Eglise de Pentecôte en U.R.S.S., puis en C.E.I.

Il faut remonter bien loin, au début du siècle dernier, pour trouver les racines de cette œuvre.

C’est de cette époque que datent les origines du mouvement de pentecôte (voir page 13 du livre de Donald Gee : Le feu de la pentecôte au XXème siècle) :

" Le Mouvement de pentecôte a fait son apparition en tant que tel dans les premières années du vingtième siècle… le Mouvement se distingue de façon frappante de la plupart de ceux qui l’ont précédé, et cela par une particularité lourde de signification.

Le Mouvement de pentecôte ne doit pas son origine à quelque personnalité ou leader religieux remarquable mais ce fut un réveil spontané dans divers endroits du globe…. La signification spirituelle profonde de cette particularité de la pentecôte : ce qu’elle apporte vient tout simplement de l’Esprit de Dieu. "

Extension du mouvement en France

En France, il y avait des réunions à Paris pour ceux qui recherchaient le baptême du Saint Esprit dès 1909….

Cette même année, Mademoiselle Hélène Biolley avait ouvert son hôtel de tempérance, le Ruban Bleu, au Havre, comme centre pentecôtiste.

Smith Wigglesworth y fit plusieurs grandes réunions quelques années plus tard, et finalement le petit centre du Havre devint le point de départ du ministère apostolique de Douglas Scott à travers la France entre 1930 et 1939.

Douglas Scott est considéré aujourd’hui comme le principal fondateur des Assemblées de Dieu en France.

Le développement du Mouvement de Pentecôte en France est décrit dans les pages 163 et 164 du livre de Donald Gee (Le feu de la pentecôte au XXème siècle).

Page 163 : " Du Havre, le témoignage se répandit jusqu’à Rouen, et après une période très vive de combats, une assemblée florissante fut établie, qui fut dirigée par Pierre Nicolle et son épouse."

L’un des fils de Pierre Nicolle, André Nicolle, fondera en 1954 l’Eglise Evangélique de Paris Sentier, puis l’A.E.P., Action Evangélique de Pentecôte, en 1973, pour venir en aide aux chrétiens vivant derrière le rideau de fer, particulièrement en Roumanie.

André Nicolle, partira lui-même en voiture, avec un collaborateur, dans les pays communistes, apportant des Bibles soigneusement cachées, pour le plus grand bonheur des chrétiens aux quels ont avait confisqué le précieux livre.

Il rapportait des nouvelles attristantes de la manière dont les chrétiens étaient traités dans les pays communistes.

Une collaboratrice qui parlait la langue russe, lui rapportait aussi les nouvelles des chrétiens dans les pays communistes qu’elle visitait (Roumanie, Bulgarie, Hongrie…) elle pouvait s’entretenir avec les chrétiens puisque dans l’ex U.R.S.S. et les pays communistes d’Europe de l’Est, chaque république avait pour deuxième langue le russe.

Elle était obligée de prendre toutes les précautions nécessaires au cours de ces visites, pour ne pas faire courir de danger aux croyants, qui avaient une interdiction formelle de communiquer avec les croyants de pays étrangers.

Elle s’installa ensuite à Moscou, avec son mari, travaillant tous les deux à l’ambassade de France, ce qui leur permit de garder en secret quelques contacts avec un ancien de l’église non enregistrée et quelques autres chrétiens. (Anatoli Vlassov).

Ils allaient ainsi ouvrir la porte aux futurs contacts avec les responsables de l’U.R.S.S.

Comme dans tous les pays totalitaires, l’Eglise était scindée en deux.

L’Eglise enregistrée, où chaque membre était enregistré, surveillé et contraint de se plier aux exigences du régime : pas d’enseignement aux enfants, pas de prosélytisme, pas d’œuvres de bienfaisance pour les plus démunis.

En entrant dans les lieux de cultes, qui étaient rares, on était immédiatement enregistré par un membre du KGB (blouse blanche et calot blanc).

L’Eglise ne pouvait s’accroitre

Ce couple de français, installé à Moscou, dût être rapatrié pour des raisons de santé.

Mais dans le même temps, la sœur de cette collaboratrice du pasteur André Nicolle, terminait ses études et reprenait à la faculté de médecine des cours de russe qui y étaient proposés.

Elle put bénéficier deux années de suite de séjours linguistiques qui lui permirent de visiter sa sœur et son beau-frère, et d’entrer en relation avec quelques chrétiens de l’Eglise de pentecôte non enregistrée, à Moscou.

C’était la porte ouverte pour une œuvre future qui prit la suite du travail commencé. Cette chrétienne partit travailler pendant un an dans le Nord de la France.

Au bout d’un an, c’est avec une direction divine précise qu’elle demanda une mutation en région parisienne et l’obtint immédiatement alors que toutes les portes étaient fermées au départ.

Cela lui permit de se rendre à l’Eglise du Sentier où elle pensait rencontrer le pasteur André Nicolle.

Elle y rencontra en fait son fils, le pasteur Jean-Michel Nicolle et ainsi commença avec de très courts voyages à Moscou, la rencontre des chrétiens et des responsables de l’Eglise de pentecôte non enregistrée.

C’est en raison de la présence d’un pasteur que les portes s’ouvrirent pour la rencontre de pasteurs de l’Eglise de pentecôte non enregistrée.

Ces derniers étaient particulièrement surveillés par la police, le KGB, et l’on ne pouvait les rencontrer que par l’intermédiaire et en compagnie de chrétiens anciens et sûrs.

Le pasteur Jean-Michel Nicolle rencontra ainsi Ivan Fédotov et Vladimir Mourachkine, qui racontèrent qu’ils avaient été emprisonnés pendant de longues années, à cause de leurs activités en qualité de pasteurs de l’Eglise de pentecôte non enregistrée.

Leurs épouses avaient également beaucoup souffert et vécu misérablement pendant ces périodes là.

D’autres pasteurs, beaucoup plus jeunes, étaient également en charge de groupes de croyants non enregistrés, et n’avaient bien sûr pas le droit de ne pas travailler, comme Serge Riakhovski, qui était à la fois ingénieur et pasteur, et en charge d’une nombreuse famille.

Si les réunions et cultes de l’Eglise de pentecôte enregistrée étaient bien codifiés et se déroulaient dans des lieux précis, il n’en était pas de même pour les croyants non enregistrés, qui se cachaient pour prier et écouter la Parole de Dieu ensemble.

Ils se retrouvaient dans les campagnes, dans les sous-sols des maisons, et par beau temps dans des endroits retirés de forêt.

On pouvait voir une file de personnes descendre du bus, semblant ne pas se connaitre, elles se dirigeaient en fait toutes vers un endroit connu, où des centaines de croyants se retrouvaient.

Dans les appartements, en ville, c’est dans le plus grand silence que les croyants se retrouvaient dans les appartements.

Les chaussures étaient ôtées à l’entrée et les cantiques ressemblaient à un murmure doux et léger pour ne pas alerter les voisins.

Les croyants vivaient dans la crainte d’être découverts par la police.

De nombreuses sanctions s’abattaient alors sur eux et sur leurs enfants.

Ils étaient heureux de recevoir des chrétiens étrangers, surtout des serviteurs de Dieu, et leurs yeux brillaient lorsqu’on leur offrait une Bible.

Mais dans certains endroits découverts, c’était l’angoisse qui perçait dans leurs yeux. Il fallait faire très attention de ne pas les mettre en danger lorsque nous les contactions.

En 1991, le pasteur Jean-Michel Nicolle a été invité à la première conférence de pentecôte enregistrée à Moscou, qui comptait environ 600 pasteurs et responsables des quinze républiques d’U.R.S.S.

Des délégués de pentecôte de nombreux pays (U.S.A., Europe) ont pu partager avec les responsables soviétiques et échanger les cartes de visites, ce qui a permis pour les années à venir, de fournir une grande quantité de littérature aux églises et croyants les plus reculés de l’U.R.S.S.

(Voir : " Pentecôtisme au pays des soviets ")

Trois collaborateurs du pasteur Nicolle sont intervenus, pour continuer par la poste l’œuvre commencée.

Un chrétien, ancien dans son église, avait appris à l’âge de 60 ans, seul chez lui, la langue russe avec une Bible, un dictionnaire et un manuel d’apprentissage.

Il a pu traduire plus de 2000 lettres de demande de littérature venant de toutes les républiques d’Ex. U.R.S.S., ainsi que les remerciements.

Deux collaboratrices ont envoyé des milliers de colis de littérature spirituelle, à des églises et des particuliers qui le demandaient.

Un site en russe avec plus de 150 textes d’évangélisation et d’édification des pasteurs André et Jean-Michel Nicolle, a été crée grâce à une traductrice professionnelle chrétienne.

L’adresse du site a été envoyée à plus de 1830 personnes de toutes les républiques qui avaient souhaité suivre une formation biblique.

Rapport d’activité de littérature et courrier pour les quinze républiques de l’U.R.S.S. entre les années 1991 et 1997.

Courrier

Les lettres de demande de littérature provenaient de pasteurs, missions, responsables d’églises, chrétiens particuliers et non chrétiens (sympathisants), originaires de C.E.I.

Les lettres ont été au nombre de 2089, dont 399 traduites pour les collaborateurs français et 1690 traduites pour le secrétariat C.E.I. de l’église située 10 rue du Sentier à Paris.

Une grande partie des lettres venait de Russie Sibérie : 886 ; Ukraine : 292 ; Biélorussie : 216.

Littérature

L’envoi de littérature s’est effectué pour une petite part par des collaborateurs français.

La majorité des envois s’est effectuée par les collaboratrices de l’église du Sentier à Paris ; et le plus souvent sous la forme de colis de 5 kg, aux pasteurs, missions et responsables divers qui en faisaient la demande.

De petits colis étaient envoyés également aux particuliers. Les livres envoyées étaient des Bibles de grand et petit format, des Nouveaux Testaments, Vie de Jésus en image, histoires bibliques à colorier, concordances, dictionnaires bibliques, livres d’édification, manuels de cours bibliques, livres, cantiques.

Le nombre total de 1991 à 1997 est de 21412, principalement des Bibles

En outre ont été envoyés un grand nombre d’évangiles et de traités.

Le prix des livres et des envois était pris en charge par l’A.E.P. (Action Evangélique de Pentecôte), et donc par les croyants des églises, jusqu’en 1997.

L’envoi de littérature s’est prolongé jusqu’au printemps 1998 environ.

Soutien d’évangélistes

Deux fois 20.000 francs pour la Russie.

Deux fois 20.000 francs pour la Géorgie.

On peut estimer que par les sommes consenties par l’A.E.P., plus de 485.000 francs ont été dépensés pour l’aide en C.E.I. entre 1991 et 1997.

A partir de 1998, les responsables de l’A.E.P., estimant que la liberté retrouvée permettait l’achat de littérature librement, ont préféré soutenir d’autres pays, où la persécution perdurait.

Néanmoins, jusqu’à cette année-là, les demandes étaient pressantes en raison d’une difficulté à se procurer des Bibles et de leur prix très élevé lorsque l’on en trouvait.